Dans les ailes du vent by Diane Giguère

Dans les ailes du vent by Diane Giguère

Auteur:Diane Giguère [Giguère, Diane]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 077530087X
Éditeur: Pierre Tisseyre


5

Où aller ? Elle s’était dit qu’elle passerait une nuit à l’hôtel, peut-être deux, et qu’ensuite elle ferait des projets d’avenir. Mais est-ce que dans son for intérieur elle ne savait pas qu’elle irait finalement chez Clotilde ? Ou était-ce parce qu’elle ne voulait pas quitter la proximité de la maison dont les volets étaient clos maintenant ? Oui, chez Clotilde, c’était tout près. De là on pouvait voir la montagne, les bois, les routes en lacets comme des couleuvres dans les champs parsemés de violettes et de giroflées sauvages. Elle n’avait pour tout bagage qu’un gros sac de toile qui ne contenait que le strict nécessaire car elle ne voulait rien posséder. « Je n’en suis pas digne », offrit-elle en guise d’explication lorsqu’on lui demanda pourquoi elle n’avait même pas quelque objet souvenir qu’elle aurait pu placer sur la commode de la chambre qu’on lui désigna. « Ne me dites pas que vous n’avez même pas un ourson en peluche ou un bibelot quelconque ? » Le visage de Clotilde portait la marque d’une vie de fatigue et d’usure. Les lèvres étaient minces, peintes en rouge vif. Les yeux immenses et gris distrayaient du reste du visage qu’encadraient des cheveux décolorés, jaunes comme de la paille. « L’hôtel n’est pas ouvert encore », lui avait-on dit d’un ton méfiant. Elle était si épuisée qu’elle n’avait pas eu la force de s’en retourner. Clotilde et Mélanie s’étaient mises à parler tout bas. « Les travaux ne sont pas encore terminés », entendit-elle. « Quelle chambre alors ? » entendit-elle encore. Finalement, elles étaient montées toutes les trois dans l’escalier. Mélanie portait son sac. Élizabeth s’était retrouvée dans une chambrette tapissée de papier peint délavé. Le lit était contre le mur. Il n’y avait pas d’électricité dans cette pièce ni dans la salle de bains qui était à l’étage. Le soir n’avait pas encore envahi la lucarne percée dans le mur le plus étroit de la chambre qui était rectangulaire et presque semblable à un couloir.

Cela lui était égal, elle était trop épuisée pour ressentir le moindre découragement ou la moindre crainte à l’idée qu’elle entrait peut-être dans une sorte de survie de son âme. Elle s’était laissé tomber sur les couvertures, impuissante à parler sinon pour balbutier ou remarquer que « c’était beau ça » en montrant du doigt une chaise recouverte de satin cramoisi ou la photo d’une avalanche dans les neiges du Tibet. Puis elle s’était endormie avant même que Clotilde et Mélanie n’aient eu le temps de quitter la chambre, sur la pointe des pieds en disant « dormez bien ».

* * * *

Dans le sommeil léger qui précède les heures plus profondes de la nuit, elle revoyait l’armoire qu’elle avait refermée une dernière fois, le feu éteint au fond de la cheminée, la clé qu’elle avait glissée sous le paillasson et qu’on viendrait chercher plus tard. Elle écoutait encore l’hiver disparu dans le vent qui faisait battre la porte de l’appentis. Elle écoutait la pluie



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